26 mai 2008

Quand Ségolène Royal m'emballe...

Par gino-hoel du JDD

Moi qui ai longtemps été un sympathisant jospiniste, voilà que je vire ségoléniste ! Longtemps, j'ai défendu l'ancien Premier ministre, statut du Commandeur au PS, sa politique, et même son retrait de 2002. Cette semaine encore, un ami me le reprochait. Mais en une semaine, la vie politique réserve des surprises !


L'entrée en scène de Bertrand Delanoë avec la bénédiction de Lionel Jospin, je dois l'avouer, ne m'a pas fait sauter de joie. La lecture de ses bonnes feuilles, les déclarations qu'il a pu faire ici ou là, ne m'ont guère convaincu. Par contre, étrangement, Ségolène Royal m'a plutôt "emballé". Ce midi encore, chez Laurence Ferrari (sur Canal+), elle était épatante. Et juste dans ses propos.
Il faut dire que -comme devraient l'être les socialistes : c'est une constante- je suis légitimiste. Et je pense que Ségolène Royal est encore aujourd'hui, la meilleure candidate pour les prochaines présidentielles ET pour diriger le PS. Et Dieu sait que sa désignation fin 2006 ne m'avait pourtant pas réjoui... Je l'ai souvent dit ici.Pourquoi ce revirement, donc ? Parce que Ségolène Royal -je l'ai écrit il y a quelques jours encore- a mené une campagne honorable en 2007 (n'en déplaise à Michel Rocard qui affirmait il y a peu que "n'importe quel candidat aurait fait 47 % des suffrages"). Parce qu'elle est le chef "naturel" de la gauche puisqu'elle l'a rassemblée (et même au-delà) l'an dernier. Parce que l'engouement populaire (quoi qu'en dise les sondages) est là et bien là.Ségolène Royal va se positionner en "anti"-Delanoë. Etre "socialiste ET libéral", c'est "incompatible" pour elle. Et elle a raison. Défendre les libertés, ce n'est pas être libéral : c'est être socialiste ! Le capitalisme ? On le voit aujourd'hui, c'est un vieux cadavre à la renverse. Même les démocrates américains se posent des questions. Je l'ai déjà écrit : Bertrand Delanoë et ses amis confondent libéral et libertaire à mon sens.
La présidente de la Région Poitou-Charentes a raison : le libéralisme a fait des dégâts dans notre société, dans nos familles, dans nos entreprises. On le voit aujourd'hui avec la hausse des prix : la concurrence n'est pas la solution, le marché ne se régule pas de lui-même. C'est une lune. Daniel Balavoine le disait justement : "Il y a eu Keynes, il y a eu Marx, il y aura d'autres philosophes!" Le monde bouge, le monde change. Se réclamer des philosophes des Lumières, c'est très bien. Mais y a-t-il encore des maréchalistes dans notre pays pour (ré-)instaurer une révolution nationale ? Soyons sérieux...Quant à la social-démocratie, qu'est-ce aujourd'hui ? Le PS français est en retard de quarante ans, s'il souhaite se diriger dans cette direction. La social-démocratie européenne se ramasse gamelle sur gamelle, au point que le Parti des socialistes européens (PSE) se gratte la tête avec force pour savoir ce qui ne fonctionne plus. Le centre-gauche est malade : le premier mot est devenu de trop.
Devant les difficultés actuelles, de plus en plus de partis de centre-gauche veulent (doivent) revenir vers la gauche. D'abord parce que la gauche du centre-gauche reprend vie. En Allemagne, Die Linke n'en finit pas de prospérer sur le SPD, par exemple. En France, Olivier Besancenot se frotte les mains en regardant sa cote de popularité...Dire que vouloir rassembler toute la gauche, des altermondialistes au centre-gauche, c'est nullissime (je caricature à peine les propos du maire de Paris), comme souhaite le faire Ségolène Royal, c'est ne pas comprendre, d'une part, le sens de l'histoire, d'autre part, les attentes actuelles de nos concitoyens. Et, n'est-ce pas la vocation d'un candidat de gauche de rassembler sur son nom toute la gauche et une partie du centre ? Qu'essaie-t-on de nous faire avaler, si ce n'est des couleuvres ?
Ségolène Royal, ce midi, a donc réaffirmé son appartenance à la famille socialiste et le besoin d'aller rechercher les couches ouvrières, populaires. En citant Jean Jaurès a trois reprises, elle a clairement indiqué qu'elle souhaitait prendre le PS par la gauche au prochain congrès. Elle a raison : il est important de, non seulement défendre les classes moyennes et les fonctionnaires, mais encore de reparler aux petits, aux sans-grades, aux "damnés de la terre", aux "forçats de la faim".
De plus en plus de nos concitoyens en viennent à faire les poubelles des marchés et supermarchés pour survivre : une "Nuit blanche" ne va pas les nourrir. La "politique-paillette", c'est bien quand le pays a le moral. Mais quand il commence de crever de faim, de voir son pouvoir d'achat diminuer, de se démoraliser, il est urgent de trouver des solutions.Bertrand Delanoë est enfermé dans sa capitale. L'Hôtel de Ville l'empêche de regarder la France entière et les problèmes des Français. C'est dommage, il est si talentueux, cet homme ! Qui lui conseille donc de s'exprimer comme il le fait ? Les socialistes qui vont le suivre pensent sans doute que la candidate est inepte. Qu'elle n'a aucun sens politique. Que c'est une Bécassine.
Ils se trompent : ils sont condescendants à son égard, et cela ne peut que l'aider. Ségolène Royal parle aux gens. On l'accuse de populisme quand elle veut s'occuper du peuple et lui rendre sa dignité, qu'elle lui donne la parole. Elle a repris son bâton de pèlerin, comme naguère François Mitterrand. Au reste, ce qui se trame au PS ressemble étrangement à ce qui s'est fait entre 1971 et 1981 : Michel Rocard (toujours) avait commencé de clouer le cercueil de François Mitterrand. Et il s'est cassé les dents. Et François Mitterrand remporta les élections de 1981.
Alors, on nous dit que le chef du Parti ne peut être le candidat à la présidence de la République. Longtemps, j'ai adhéré à cette vue de l'esprit. Je me disais : "Qu'est-ce qu'elle va prendre pendant quatre ans, Ségolène ! Elle sera lessivée en 2012!" Mais, c'est une fausse idée. Dans tous les pays qui nous entourent, le chef du parti vainqueur a vocation à exercer les responsabilités. C'est bien normal.Et qu'a fait l'actuel président de la République ? Rendons-lui cet hommage : il a pris l'UMP. Car il savait très bien que pour aller au combat suprême, il devait en passer par là et imposer, en partie, ses idées. Les grincheux n'ont pas moufté (ils commencent de se réveiller seulement maintenant) car pour gagner, il faut parfois mettre un mouchoir sur ses prétentions. Et ils ont participé à la campagne et le 6 mai au soir, même les plus grands ennemis de M. Sarkozy, dans son parti, débouchaient les bouteilles de roteux.
On entend çà et là que certains socialistes claqueraient la porte du PS si Ségolène Royal était élue Première secrétaire. Auront-ils cette "audace" ? Nous en reparlerons... Mais, l'assiette au beurre est tout de même alléchante et ils y réfléchiront à deux fois avant de faire quoi que ce soit... Et puis, pour aller où ? A l'UMP ? Au PRG ? Au MRC ? Au PC ? Chez les Verts ? Chez Olivier Besancenot ? Allons, allons ! Soyons sérieux (enfin, eux!)... On le voit aisément : Ségolène Royal devra ferrailler avec fermeté si elle veut prendre le PS. Il faudra qu'elle tape du point sur la table. C'est elle qui a suscité cette "ferveur" comme elle le disait pendant sa campagne. Cette "irrationnalité" dénoncée par Bertrand Delanoë prouve qu'il n'a rien compris au film : les gens, dans cette société en manque de repères, ont besoin d'un(e) président(e) de la République qui leur montre le chemin, lui ouvre la voie d'un nouvel avenir et lui rende une espérance.
Ce n'est pas un gros mot, l'espérance ! En tout cas, cela vaut bien le "libéralisme"...

17 mai 2008

Ségolène Royal part officiellement à la conquête du PS



Ségolène Royal a annoncé, vendredi, lors d'une réunion publique à Paris, devant près de 500 militants, qu'elle serait candidate à la direction du PS, "si les militants l'estiment utile", lors du congrès de Reims, en novembre prochain.

Cette annonce survient alors que l'ex-candidate à l'élection présidentielle avait estimé, il y a quelques jours, que le moment de se déclarer n'était pas venu, mais l'agenda de Bertrand Delanoë, la semaine prochaine, avec la sortie d'un livre et une réunion de ses soutiens, a sans doute précipité le cours des choses.

"Le Parti socialiste est bien à la croisée des chemins : celui de la renaissance ou du sur-place",
a conclu Ségolène Royal.

16 mai 2008

Congrès : Les premières synthèses sont mises en ligne

Chers amis,

Nous avons terminé les premières synthèses des contributions que vous avez postées sur le site internet « Congrès utile et serein ». Vous vous pouvez aller les consulter en ligne, en cliquant sur l'onglet « Synthèses », ici.

C'est un formidable travail collectif qui est en mouvement. Les élus co-auteurs de la consultation participative en ont pris connaissance avec beaucoup d'intérêt, ainsi que les experts qui travaillent au sein du « Groupe des 20 ».

Nous aurons l'occasion d'en parler ensemble ce soir, lors de l'atelier-citoyen organisé par le Pacte rénovateur, à la Bellevilloise, dans le XXè arrondissement de Paris. Et lors des autres réunions prévues dans toutes les régions de France.

Je crois profondément en cette expérience et ne peux qu'apprécier les allers-retours intellectuels et intelligents entre les citoyens, les experts et les politiques.
Continuons nos efforts.

À très bientôt,
Ségolène Royal

06 mai 2008

Après le sondage BVA-Orange, il y a aussi le LH2-Nouvel Obs publié hier

Voici une rapide analyse, plus d'infos sur le sondage complet disponible en lien.

- Sarkozy "rechute" à 36% d'opinions positives en faisant aussi baisser Fillon.

- Ségolène Royal est en tête pour le leadership de la gauche à la fois dans le peuple de gauche (22% contre 16% pour DSK et 16% pour Delanoe) et au sein des sympathisants PS (25% contre 17% pour Delanoe et 19% pour DSK)

On note un tassement des vainqueurs des municipales par rapport à la vague de fin mars 2008 : de 25 à 17% pour Bertrand Delanoe, de 7 à 6% pour Martine Aubry et de 7 à 2% pour Laurent Fabius

- Au niveau du poste de 1er secrétaire, S. Royal est aussi en tête avec 26% chez les sympathisants socialistes (+2) contre 18% pour B. Delanoe (-6).

* Ceux en baisse: 11% pour Martine Aubry (-2), 7% pour L. Fabius (-2), 5% pour Moscovici (-1) et 3% pour Julien Dray (-2)

* Ceux en hausse: 8% pour Manuel Valls (+5) et 6% pour Arnaud Montebourg (+3)

- Pour finir, on constate que le découplage 1er secrétaire / leadership de la gauche n'existe pas chez les sympathisants socialistes (Royal: 25/26, Delanoe: 17/18) sauf pour Martine Aubry (11% pour 1er secrétaire contre 6% pour leader)

Lien pour sondage complet : http://www.lh2.fr/_upload/ressources/sondages/politique_nationale/lh2nouvelobsobservatoire5mai08.pdf

Nicolas Sarkozy s'enfonce encore, Ségolène Royal serait élue au 2è tour

NOUVELOBS.COM 06.05.2008 07:17

Selon une enquête LH2 réalisée les 2 et 3 mai, le président de la République n’est plus crédité que de 36% d’opinions positives (40% en avril). D'autre part, si l'élection présidentielle avait lieu maintenant, les résultats du second tour seraient inversés : Ségolène Royal 53%, Nicolas Sarkozy 47%.

L’enquête réalisée par LH2 pour nouvelobs.com aboutit à un constat sévère pour Nicolas Sarkozy : tandis que les cotes de popularité de l’exécutif enregistrent un nouveau recul et que les jugements sectoriels sur la politique du gouvernement se montrent très sévères, si l’élection de mai 2007 était à refaire, les résultats du second tour seraient inversés, à la faveur de Ségolène Royal (53% contre 47% pour le Président en fonction). Ce résultat alors même que l’ex-candidate malheureuse en 2007 n’apparait pas comme le leader incontesté à gauche.

Une nouvelle baisse de la popularité de l’exécutif :

Nicolas Sarkozy, en tant que Président de la République, n’est plus crédité que de 36% d’opinions positives (contre une majorité absolue d’opinions négatives à 53%), ce qui constitue le score le plus bas enregistré par LH2 depuis son élection. On notera une critique particulièrement exacerbée au sein des cadres et professions intellectuelles supérieures (27% d’opinions positives / 60% d’opinions négatives), lesquels n’ont jamais, du reste, fait partie de ses soutiens. En revanche, on observe qu’en termes de proximité partisane la majorité continue de faire front : 80% contre 16% au sein des partisans de droite, et, dans les détails 89% contre 8% au sein des sondés des sondés se déclarant proches de l’UMP.
Le Premier ministre fait également les frais de cette tendance baissière. François Fillon n’enregistre que 46% d’opinions positives, contre 41% d’opinions négatives. Le solde demeure donc positif mais de peu, d’autant qu’il ramène le chef du gouvernement à celui de l’automne 2007.

Un bilan annuel sévère, en particulier sur la question du pouvoir d’achat

Corollaires du désaveu renouvelé de la tête de l’exécutif, les jugements portés sur la politique qu’il met en œuvre, par secteur, se révèlent largement négatifs.
En effet, lorsque les Français interrogés sont invités à se prononcer sur le « bilan à un an » du chef de l’Etat et de son gouvernement, ils dressent un tableau sans appel de ce dernier. Seule la politique européenne enregistre un solde positif, mais de peu : 43 % des sondés la jugent rétrospectivement comme étant « plutôt un succès » que « plutôt un échec » (37%). Aux autres items proposés, les réponses sont majoritairement négatives : le rôle de la France dans le monde (38% de « succès »/43% d’« échec », l’environnement (36%/44%), l’emploi (25%/60%), la fiscalité (22%/60%). Dans le cadre de ce bilan annuel, deux domaines cristallisent particulièrement le mécontentement de l’opinion publique : la croissance économique (13%/72%), mais surtout le pouvoir d’achat (5%/85%). Pour ce dernier domaine d’action, la virulence des critiques est telle qu’elle transcende largement les clivages partisans ; seuls 12% des sympathisants de droite émettent un jugement positif (contre 73% un jugement négatif).

Une gauche toujours en quête de leader

Qu’il s’agisse de la question portant sur le meilleur leader de gauche ou celle ayant trait à son chef de fil le plus approprié, le même constat s’impose. Au fil des vagues de notre baromètre, et malgré le bon résultat de Ségolène Royal aujourd’hui, aucune personnalité ne parvient à émerger de façon réellement significative et pérenne. Preuve supplémentaire de ce leadership pour l’heure introuvable : au-delà des perceptions du grand public, les écarts séparant les différents protagonistes ne sont pas signifiants, que ce soit du côté des sympathisants de gauche, ou plus précisément du côté de ceux se déclarant proches du PS.

Et si c’était à refaire…

Preuve du mécontentement quant au pouvoir en place, les résultats de notre intention de vote « fictive ». Si le second tour de l’élection devait se jouer dimanche prochain, sur les suffrages exprimés, il apparaît maintenant que Ségolène Royal l’emporterait contre Nicolas Sarkozy, avec un score rigoureusement identique, mais cette fois-ci en sa faveur, à celui de l’an passé (53% versus 47%). Ce résultat sanctionne sans doute le bilan annuel peu glorieux de Nicolas Sarkozy : il peut également constituer pour la gauche un espoir de se positionner en alternative crédible au gouvernement.

Stéphane Marder, directeur général adjoint de LH2
Sondage réalisé par téléphone les 2 et 3 mai 2008 par l'institut LH2 pour le site nouvelobs.com. L'enquête a été réalisée selon la méthode des quotas auprès de 1004 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus.