23 avril 2007

Ségolène Royal appelle au rassemblement contre "un système qui ne marche plus"

Un élan civique s'est levé" a lancé Ségolène Royal, juste après avoir pris la parole, peu après 21 h 30, devant des militants réunis à Melle, sa circonscription. "Je mesure la responsabilité éminente que vous me confiez ce soir. Je n'en tire aucune gloire personnelle" a ajouté la candidate socialiste, qui a cherché à se poser en présidentiable : "Porter le combat du changement pour que la France se relève". Elle a alors suscité les premières acclamations de ses supporters, avides de crier "Ségolène présidente !"

"Une nouvelle campagne s'ouvre", a affirmé Mme Royal. Dans quinze jours, la France va choisir son destin et son visage. Elle a affirmé qu'elle ferait campagne "pour que la France se relève, qu'elle retrouve son optimisme et qu'elle fasse le choix de l'audace et de la sérénité", lançant un appel à tous ceux qui veulent faire "triompher la République du respect".

C'est le message central de Ségolène Royal : le 6 mai sera l'occasion d'un "choix clair entre deux voies très différentes." "Je tends la main à toutes celles et ceux qui pensent qu'il est non seulement possible mais urgent de quitter un système qui ne marche plus", a-t-elle dit, pesant ses mots et visant Nicolas Sarkozy, sans jamais le nommer.

"CONJURER LES VIEUX DÉMONS DE LA DÉPRIME ET DU DÉCLIN"

La candidate socialiste a ensuite pris le temps de décliner des éléments de son programme, reprenant des leitmotivs de sa campagne. "Pas d'efficacité économique sans progrès social", "une France neuve, à la fois protectrice et dynamique, fraternelle et conquérante", "réformer la France sans la brutaliser", "mettre fin aux insécurités et aux précarités", "faire reculer toutes les formes de violence", instaurer un "ordre juste et des sécurités durables", "mettre la priorité sur l'éducation, consolider les familles et épauler les plus fragiles"...

Ségolène Royal a aussi consacré un passage à l'Europe, cherchant à se démarquer de Nicolas Sarkozy : "J'aurai à cœur de défendre les intérêts de la France. Les français seront appelés à se prononcer par référendum sur le nouveau traité européen. Celui-ci ne se fera pas à leur insu."

"NOTRE VICTOIRE EST POSSIBLE"

La candidate socialiste a ensuite affirmé qu'elle continuerait à "faire le pari de l'intelligence des Français". Pour le second tour, elle n'a pas lancé d'appel spécifique vers les électeurs de tel ou tel candidat. "Je comprends la déception de toutes celles et ceux dont le candidat n'atteint pas le second tour. Je serai la présidente garante d'un Etat impartial. Je suis une femme libre comme vous êtes un peuple libre. Nous sommes nombreux à ne pas vouloir d'une France dominée par la loi du plus fort ou du plus brutal. D'une France où le pouvoir et l'argent sont concentrés entre peu de mains, toujours les mêmes." Cette tirade a généré de nouveaux applaudissements, relancés peu après quand elle a plaidé pour des libertés publiques garanties.

"Venez, hommes et femmes de France, de tous âges, de tous milieux, de tous territoires, de toutes origines, a enfin lancé Ségolène Royal. Venez, forces vives de notre belle nation. Venez, serrons-nous les coudes. Ensemble, nous allons rendre le sourire à notre pays. Ensemble, nous allons conjurer les vieux démons de la déprime et du déclin."

"Notre victoire est possible, a-t-elle conclu. C'est une question de volonté et de cohérence. Je les ai. J'ai besoin de vous parce que la France a besoin de vous."

Alexandre Piquard - Le Monde