14 novembre 2006

Hervé Baro, ancien secrétaire général de l'UNSA : Les 35 heures ...

Ségolène pose une question fondamentale qui verra se dresser les corporatismes de droite comme de gauche.
J'ai été pendant près de 20 ans (de 1987 à 2004) à la direction d'une organisation syndicale d'enseignants, dont 7 ans passés en tant que secrétaire général du SE UNSA.

Pour ceux qui ne le savent pas, le Syndicat des enseignants de l'UNSA, est l'héritier du SNI et de la FEN( syndicat des instituteurs et fédération de l'Éducation Nationale). Cette question de l'horaire des profs, pointée par Ségolène, l'est depuis bien longtemps. Dans un congrès célèbre, en 1988, à La Rochelle, la FEN a inventé , le " travailler autrement".
Dans les propositions que nous faisions, et que font toujours à ma connaissance le SE comme l'UNSA Éducation, (ce que semble avoir oublié l'actuel secrétaire Général de l'UNSA Éducation) cette notion de redéfinition des services est toujours présente. En 1988 , cette révolution avait été préalablement négociée par les responsables de la FEN et du SNI de l'époque avec le responsable du secteur éducation au PS qui s'appelait Laurent FABIUS. (Oui il s'agit du même, mais il parait qu'il a changé).


Cette réforme que le PS devait mettre en oeuvre dès le retour au pouvoir, prévoyait notamment la mise en place du Prof de Collège, dont les horaires et l'organisation de du service étaient différents de ceux des profs de collège et Lycées d'aujourd'hui. Il s'agissait, ni plus ni moins que de redéfinir le service des enseignants, pour mêler intimement la transmission du savoir et l'éducation. Les choses ne se sont pas faites car nous nous sommes heurtés à l'hostilité du ministre de l'Education de l'époque (Lionel JOSPIN) (Fabius et DSK, comme leurs entourage le savent). Les conséquences de ce refus en sont dramatiques surtout sur le collège d'aujourd'hui.
L'évolution du métier d'enseignant mérite un long débat, qui porte sur la conception de ce métier qui ne peut se réduire à transmettre des savoirs mais qui doit aussi éduquer. La dimension sociale du métier doit être réhabilitée. La prise en compte de la vie sociale et professionnelle des familles doit être présente de même que celle du quartier, ou de la commune. Cette question soulève bien des problèmes qui vont bien au delà du seul service des enseignants, je pense en particuliers aux locaux qui ne sont pas adaptés à une telle évolution.

En clair, Ségolène pose une question fondamentale qui verra se dresser les corporatismes de droite comme de gauche dès lors qu'il s'agira de proposer une démarche visant à DÉMOCRATISER l'enseignement surtout au niveau du collège comme le disent tout les spécialistes de l'Éducation. Et pourtant il faudra le faire, parce que nous sommes de gauche, parce que nous sommes socialistes. Et il faudra le faire avec les enseignants eux mêmes, mais aussi avec les parents et, sous le contrôle démocratique du peuple, car l'Éducation n'appartient, ni à une profession, ni à une classe, ni à une caste.
Pour avoir été aux affaires et l'interlocuteur en tant que syndicaliste, de Ségolène quand elle était Ministre des Enseignements scolaires, nous savons que cette question est brûlante en même temps qu'elle est décisive. Pour avoir mis en place les travaux personnels encadrés, le soutien et le tutorat, Allègre a connu quelques difficultés. Il faut dire que la méthode était pour le moins discutable. A l'époque Ségolène avait pris ses distances (avec la méthode).
Aujourd'hui, ceux qui dans le parti, prennent la responsabilité de dévoyer ce débat à des fins bassement électoralistes prennent une lourde responsabilité pour l'avenir du système éducatif et donc du pays et de sa jeunesse. La facilité de la dénonciation des propos de Ségolène, outre la méthode utilisée est scandaleuse. Ceux qui à l'intérieur du parti se prêtent à ce jeu s'exposent, si par malheur ils étaient en situation, à ne pas pouvoir réformer un système qui doit l'être si l'on ne veut pas qu'il implose et si l'on veut surtout établir un peu de justice sociale.


J'en ai gros sur le cœur, car en matière de démocratisation tout est à faire, et c'est avec des manœuvres ce ce type que l'on bloque un système pour des années. Un système qui exclut et produit ainsi de l'injustice sociale, c'est à dire le contraire de ce que nous voulons faire avec Ségolène. C'est pour cela que je suis à ses côtés.


Hervé BARO - Ancien secrétaire général du Syndicat des Enseignants de l'UNSA - Conseiller général de l'AUDE