Interview de Ségolène Royal dans Le Parisien
Ségolène Royal, de retour des Etats-Unis, parle de Barack Obama et juge le plan de relance socialiste, dans lequel elle n’a pas retrouvé ses propres propositions. Elle annonce aussi qu’elle ne sera pas candidate aux élections européennes.
Rentrée jeudi des Etats-Unis, Ségolène Royal estime que le contre-plan de relance du PS « a le mérite d’exister ».
Mais la présidente de la région Poitou-Charentes réitère sa proposition d’entrer dans la direction du parti pour s’occuper de l’international.
Vous étiez la seule personnalité politique française présente à l’investiture de Barack Obama. Que vous a apporté ce voyage ?
Vous étiez la seule personnalité politique française présente à l’investiture de Barack Obama. Que vous a apporté ce voyage ?
La force que dégage la réconciliation d’un pays avec lui-même. Une foule immense, noire et blanche, compacte, recueillie, venue voir, de tous les coins d’Amérique et du monde, si ce qui arrivait était vrai. Barack Obama met aussi en place un plan de relance très puissant, qui peut avoir des conséquences positives en France. Il y a un lien très direct entre ce qui se passe à l’échelon international et ce qui se passe au plan local. Je vous parle de Poitiers, où je viens de réunir syndicats et chefs d’entreprise, pour réussir la croissance verte en région.
Nicolas Sarkozy a estimé, qu’en temps de crise, le faste de cette investiture était peut-être un peu déplacé…
La dignité, la sobriété et l’élégance de l’investiture de Barack Obama n’ont aucun point commun avec la soirée au Fouquet’s (NDLR : Nicolas Sarkozy avait invité ses proches dans ce restaurant le soir de son élection).
Pendant que vous étiez aux Etats-Unis, le PS a présenté son contre-plan de relance à la crise. Comment le jugez-vous ?
Les propositions sont nécessaires, car les mesures de Nicolas Sarkozy sont trop faibles. Par comparaison, le plan de Barack Obama est de 800 milliards de dollars sur deux ans, c’est-à-dire 3 % du PIB par an. Avec une priorité aux investissements dans la croissance verte.
Le contre-plan, présenté par Martine Aubry, est-il à la hauteur ?
Il a le mérite d’exister, mais il faut aller plus loin avec un volet sur la croissance écologique et sur la réforme fiscale. Il faut une modification structurelle de la façon de produire, de consommer. J’ai envoyé, il y a quinze jours, des propositions à la direction du PS, avec des actions concrètes sur la croissance verte, et je n’ai pas retrouvé cela dans le plan. J’espère qu’il y aura une deuxième étape…
L’eurodéputé Vincent Peillon affirme que vos proches ont été consultés pour ce plan, François Rebsamen dit le contraire. Qui faut-il croire ?
Il y a une façon très simple de faciliter la consultation de tous, c’est que Martine Aubry fasse ce que je lui ai demandé à la fin du congrès et qu’elle a refusé : intégrer les 50 % du parti que je représente, avec de nombreux responsables politiques de talent, dans la direction. Les Français et les militants attendent que nous soyons unis et que nous jouions collectif. Je suis toujours prête à prendre une responsabilité dans le parti. Je peux m’occuper de l’international par exemple… Comme ça, on ne me reprochera plus de me déplacer de ma propre initiative…
Plan anticrise, farouche opposition à l’Assemblée, motion de censure : le PS est à l’offensive ?
Oui, mais attention à l’image que l’on donne. Les Français n’ont pas envie que les gens se disputent. Ils souhaitent que les responsables politiques fassent converger leur énergie. Dans le contexte actuel, les provocations de la droite sont irresponsables. Je comprends d’autant plus la colère des députés PS qu’ils étaient prêts à discuter. Le risque, c’est la surenchère et que les Français renvoient dos à dos la droite et la gauche dans ce spectacle.
Dans moins de cinq mois ont lieu les élections européennes. Vous engagerez-vous ?
Comme toujours, je suis disponible pour faire campagne et défendre des idées. Vous l’avez vu pour les législatives, puis pour les municipales aux côtés des candidats.
Serez-vous candidate ?
Bien que très sollicitée, je ne l’envisage pas. Je préfère le mandat de présidente de région et je veux garder du temps pour approfondir la recherche d’idées neuves pour la gauche du XXI e siècle.
Hier matin, le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, s’est dit « scandalisé sur la violation de présomption d’innocence » dans l’affaire Julien Dray.
Julien Dray a droit à la présomption d’innocence. Comment, par exemple, un journal peut-il publier un document interne (NDLR : le rapport Tracfin) ? C’est choquant. Il faut respecter le droit des personnes.
Vous lui renouvelez votre amitié ?
Bien sûr. On a dit de moi que je l’avais lâché. Ce n’est pas le cas. Simplement, je ne peux rien dire de plus, car je n’ai pas d’informations.
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