24 avril 2009

Mon inquiétude pour la Guadeloupe : qu'attendent-ils pour agir ?

Comment ne pas être inquiet de ce qui se passe aujourd’hui en Guadeloupe ? La presse n’en parle plus – ou presque. Le gouvernement reste silencieux. Mais le conflit social qui a secoué l’archipel en février dernier n’est pas apaisé, car les promesses n’ont pas été tenues.

N’attendons pas les prochaines révoltes.

Yves Jégo s’est permis de dire hier que je suis rentrée piteuse des Antilles.

Plutôt que de faire des commentaires politiciens méprisants, il ferait mieux de se hisser à la hauteur des problèmes auxquels font face les Antillais

Je l’informe – puisqu’il ne se rend plus sur place – que la tension est toujours vive en Guadeloupe. Les 200 euros promis dans le protocole d’accord n’ont toujours pas été versés aux salariés, comme me l’a confirmé Elie Domota hier au téléphone.

C’est très grave.

Qu’attend le pouvoir pour agir ? Qu’il y ait une nouvelle flambée de colère, afin de pouvoir ensuite traiter les salariés excédés de casseurs ?

Comme pour Continental, il ne faudrait pas que, par son silence, le pouvoir soit responsable de la violence, puis fasse mine ensuite de s’en étonner pour s’en indigner et, enfin, réprimer. Dans le cas des salariés de l’équipementier automobile, il a quand même fallu en arriver à des actes extrêmes pour le gouvernement accorde une réunion tripartite. Pourquoi, alors que les salariés le réclament depuis des semaines, le dialogue ne s’est-il pas tenu ?

En Guadeloupe, des mouvements sociaux continuent d’éclater ici et là. Ce qui ne présage rien de bon.

Nicolas Sarkozy vient d’annoncer le report de son voyage outre-mer. Je lui conseille pourtant de s’y rendre rapidement afin de se rendre compte que les accords conclus ne sont pas appliqués. Il doit prendre les décisions préventives qui s’imposent. Pour que la paix sociale soit définitivement rétablie en Guadeloupe.

Ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.


Ségolène Royal

21 avril 2009

Ségolène Royal : « Nous devons résister »

Interview de Segolene Royal, parue dans le journal "Le Parisien" ce matin

Pourquoi avoir présenté des « excuses » à José Luis Zapatero ?
Ségolène Royal.
C’était naturel pour moi, c’est ma vision de la politique. D’abord parce que José Luis Zapatero est un ami. Et j’ai senti la nécessité de mettre un coup d’arrêt aux dérapages verbaux permanents qui s’exercent non seulement à l’égard des personnalités étrangères (Barack Obama et Angela Merkel sont également ciblés par Nicolas Sarkozy), mais aussi à l’égard des Français. C’est la même arrogance, la même impolitesse. Il faut que cela s’arrête. Le jour où Nicolas Sarkozy changera de mode d’expression, apprendra à respecter les autres, je n’aurai plus l’occasion de m’excuser, de demander pardon. Mais tant qu’il continuera, je continuerai à défendre la république du respect !

On vous reproche d’avoir réagi à des propos qui ont été rapportés et déformés...

Nicolas Sarkozy, qui reçoit les journaux étrangers j’imagine, aurait dû dire tout de suite que si ces propos avaient été mal interprétés, il s’en excusait. C’était simple. Ce qui est en jeu, c’est l’image de la France. Entre les insultes au Salon de l’agriculture, les insultes aux autres chefs d’Etat... C’est une atteinte portée à nos intérêts, car dans la crise économique, on a besoin d’un pays pris au sérieux.

Vous avez provoqué un tollé à droite...

Mais dans quels régimes dit-on d’une opposante qu’elle est folle, pour la faire taire quand elle dérange ? Dans un régime démocratique ? Pour déconsidérer une pensée, on déconsidère la personne qui la porte. Les politiques doivent donner l’exemple. Que se passerait-il si un jeune s’adressait à un policier dans les mêmes termes que M. Lefebvre ? Il serait puni pour injure publique. Est-ce qu’un responsable politique peut se comporter comme un voyou ? Il n’y a aucune attaque personnelle contre le chef de l’Etat. Si cela fait tant de bruit, c’est parce que c’est une autre façon de faire de la politique. Quoi de plus pacifique que les excuses ou le pardon ?

Nicolas Sarkozy va fêter ses deux ans à l’Elysée. Comment qualifieriez-vous sa présidence ?

Comme une République affaiblie. Affaiblie dans chacun de ses principes, dans ses libertés d’abord. Les institutions fonctionnent mal, les juges se disent déconsidérés, il y a une tutelle sur l’audiovisuel public. L’égalité a aussi beaucoup reculé. On assiste à une grande paupérisation des services publics, dans l’Education, la Recherche, la Santé... Enfin, il y a un affaiblissement de la fraternité. Nicolas Sarkozy ne veut pas revenir sur le bouclier fiscal, et cette injustice fait que les Français ne peuvent plus accepter les sacrifices, quand tant d’autres brassent des milliards en toute impunité. On est en état de prérévolte, comme l’a dit à juste titre Dominique de Villepin. Je ne suis là pour souhaiter ni la révolution ni des émeutes sociales. Mais ce que je veux dire aux Français c’est que nous devons résister.

C’est-à-dire ?

La résistance aux injustices est un combat qui doit rassembler même ceux qui ne se sentent pas aujourd’hui menacés. Tous ceux qui se sentent piétinés, bafoués, humiliés ne doivent pas se laisser faire. Si les ouvriers d’Heuliez n’étaient pas descendus dans la rue, le gouvernement n’aurait pas bougé. Quand les gens font du bruit et exigent d’avoir des informations, des solutions sont à ce moment-là parfois trouvées. Mais tous les autres ? Et les entreprises qui disparaissent dans le silence ? Nous devrions être nombreux à être la voix des sans-voix, broyés par un système qui ne se réforme pas.

Appelez-vous à un vote sanction contre Nicolas Sarkozy le 7 juin aux Européennes ?

Oui, comme l’a très bien expliqué Benoît Hamon, porte-parole du PS !

Vous voyez-vous comme la première opposante à Nicolas Sarkozy ?

J’ai été candidate à la présidentielle, je n’en fais pas une profession et je ne suis pas obnubilée par la suivante contrairement à ce que pensent mes détracteurs. Je n’ai pas besoin de me donner d’étiquette ou de rôle. Je suis l’une des voix politiques qui portent. Mon obsession ce n’est pas Nicolas Sarkozy ! Ma préoccupation c’est de voir que la France décline et que les Français souffrent de plus en plus. Cela, ça me fait mal car je sais qu’il pourrait en être autrement, avec une autre politique. Je parle et j’agis pour que la France se redresse.

13 avril 2009

"Ségolène Royal vient de briser les tabous entretenus par son pays"

Chères amies, chers amis,


Comme vous le savez, Ségolène Royal a prononcé un discours au siège du Parti socialiste, à Dakar, le lundi 6 avril.

Makhily GassamaMakhily Gassama, ancien ministre sénégalais de la Culture et ancien conseiller du président Léopold Sédar Senghor, revient sur ce discours dans l'édition de jeudi du journal dakarois Sud-Quotidien.

"La présidente de la région Poitou-Charentes Ségolène Royal a brisé les tabous entretenus par la classe politique de son pays depuis la colonisation, en demandant pardon à l’Afrique pour le discours qu’a prononcé en 2007 à Dakar le président Sarkozy", a estimé l’ancien ministre sénégalais de la Culture, Makhily Gassama.

"Le texte de son discours constituera, dans les archives de la colonisation, un élément précieux. Mme Ségolène Royal vient de briser les tabous soigneusement entretenus par la classe politique française, qu’elle soit de droite ou de gauche et sa presse", a dit M. Gassama dans le journal dakarois Sud-Quotidien.

"Cette grande dame de France a osé ce qu’aucun homme d’Etat français n’a osé, du début de la colonisation à nos jours. Aucun hommage venu de l’étranger, rendu à l’Afrique, n’a été aussi courageux, aussi juste, aussi profond", a-t-il commenté, en réaction au discours prononcé lundi à Dakar par Ségolène Royal.

"Pour oser parler de la grandeur du génie de Cheikh Anta Diop, de ce qu’il a apporté à son continent, du caractère hautement scientifique de son œuvre, de son vaste combat contre la falsification de l’histoire de l’Afrique, il faut une témérité non commune. Mme Ségolène Royal est téméraire. Témérité salutaire", a souligné Makhily Gassama.

Pour M. Gassama, "la voix que nous venons d’entendre est une voix singulière, une voix qui ébranle les sinistres fondements de la Françafrique."

Makhily Gassama a coordonné le livre "L’Afrique répond à Sarkozy/Contre le discours de Dakar", publié en 2008 aux éditions Philippe Rey.

"On connaît l’indignation de la droite française et sa presse, qui ne parviennent pas à s’accommoder de l’inéluctable évolution des pays et des peuples (africains). Il est temps de mettre fin à l’effort d’infantilisation de l’Africain", a-t-il insisté.

03 avril 2009

A quand la fin des hyper-privilèges ?

Chères amies, chers amis,

Les faits sont bien établis par une étude de Camille Landais, économiste à l’Ecole d’économie de Paris. Ils sont hélas trop méconnus. Ces dernières années, le revenu de l’immense majorité des Français a quasiment stagné : entre 1998 et 2005, 90 % des foyers, soit 31,5 millions de familles, ont vu leur revenu croître de 0,6 % par an seulement. Chaque mois, ces millions de femmes, d’hommes et d’enfants vivent avec 1 500 euros en moyenne. Parfois un peu plus. Souvent beaucoup moins.

De l’autre côté du miroir, les très hauts revenus ont explosé. Les 3 500 contribuables les plus riches du pays (sur 35 millions de contribuables aujourd’hui en France), ont connu des hausses de revenu de 43 %. Chaque mois, ces familles gagnent en moyenne 125 000 euros. Parfois un peu moins. Souvent beaucoup plus.

Cette augmentation des inégalités vient d’abord des inégalités de patrimoine. Mais les inégalités salariales ne sont pas en reste. Les 2 500 personnes les mieux payées de France, notamment les chefs d’entreprises de très grands groupes, ont vu leurs salaires augmenter de moitié entre 1998 et 2005. En comparaison, les 20 millions de travailleurs qui représentent 90 % de la population salariée, n’ont eu droit qu’à 4 % en huit ans.

La France connaît ainsi une évolution qui la rapproche progressivement des pays anglo-saxons. Sommes-nous sûr de le vouloir, au moment où le libéralisme apporte l’ultime preuve de sa toxicité ? En 2007, le Directeur général de l’Oréal a gagné plus de 250 fois le SMIC. Quelle compétence peut, en dernier ressort, justifier ce niveau de rémunération ? Les dirigeants de grandes entreprises engagent-ils leur propre capital ? Non. S’agit-il de la juste rémunération du risque pris par l’entrepreneur ? Non plus.

Car il y a d’un côté les dirigeants de PME. Ceux-ci engagent leur propre capital, ils sont souvent caution personnelle et peuvent tout perdre du jour au lendemain. Et il y a de l’autre les dirigeants d’entreprises cotées au CAC 40. Ceux-là prennent des risques avec un argent qui ne leur appartient pas. Ils sont intéressés aux profits. Mais les pertes ne les atteignent pas.

Demander la limitation de certaines rémunérations, voire leur suppression lorsqu’il s’agit des stock-options, ce n’est donc pas crier au loup, clouer au pilori et vouer aux gémonies. Ce n’est pas non plus céder à la tentation de l’amalgame stérile, celui du « tous pareils ». C’est avoir le sens de l’intérêt général. C’est avoir la lucidité d'admettre que le capitalisme créé aujourd’hui les conditions de sa propre perte. Apprenons au moins des échecs qui ont plongé le monde dans la dépression.

De quoi s’agit-il au fond ?

D’abord de justice. On ne bâtit pas une société harmonieuse sur des gouffres. Il n’est pas de cohésion, il n’est pas de conscience commune ou d’unité quand l’inégalité des conditions de vie, les privilèges, les prébendes créent des castes.

D’efficacité ensuite. On ne peut laisser perdurer des modes de rémunération qui conduisent les dirigeants à prendre des risques incalculés, au mépris de l’entreprise elle-même et de ceux qui se dévouent sincèrement pour elle. Les bonus bancaires et les stock-options privilégient l’augmentation artificielle du cours des actions : modération salariale pour les plus nombreux voire licenciements boursiers pour gonfler une rentabilité de façade ; versement de dividendes pour l’actionnaire. Combien d’entreprises ont ainsi préparé le terrain de leur échec ?

Alors on nous propose aujourd’hui un décret pour limiter les rémunérations des dirigeants. L’idée serait bonne si on avait réellement eu la volonté d’attaquer le mal à la racine. Il n’en est rien et je le regrette : on offre quelques « retaillons » de réforme pour faire oublier les connivences, en espérant ainsi calmer la colère populaire. Trois raisons me conduisent à déchirer le voile d’illusion que certains tentent de tendre sous nos yeux :

Le champ d’application du décret d’abord, qui se limite aux sociétés dans lesquelles l’Etat apporte des aides directes. Or les effets pervers et les injustices liées aux versements de bonus, de stock-options, de parachutes dorés et de retraites chapeaux concernent évidemment un nombre bien plus élevé d’entreprises, d’ailleurs toutes aidées par l’Etat sous forme d’allègement de cotisations sociales.

Son objet ensuite. Le décret n’interdit que l’attribution d’actions gratuites et de stock-options. Il se contente « d’encadrer » les bonus par des recommandations sur les montants et les critères de performances. Rien de sérieux sur les parachutes dorés ou les retraites chapeaux.

Sa durée enfin. Le décret, qui n’a par nature aucun effet rétroactif, étend sa portée jusqu’à fin 2010, comme si ce qui était inacceptable aujourd’hui ne l’était plus demain.

Ne l’oublions pas : la crise que nous traversons est celle d’un libéralisme fondé sur l’absence de règles et de contre-pouvoirs, sur les privilèges qu’une minorité s’est accordée à elle-même, sur la recherche d’un profit à tout prix qui a encouragé les spéculations les plus folles. Au moment où il est question de «refondation du capitalisme», une autre direction est plus que jamais nécessaire. Celle-ci pourrait être articulée autour de trois piliers :

Proposer une loi supprimant purement et simplement les rémunérations en actions gratuites et stock-options. Pour les start-ups, le système de Bons de Souscription d’Actions serait maintenu et développé de manière à favoriser la création et l’innovation.

Instaurer de véritables contrepouvoirs salariaux au sein des entreprises. On nous a présenté la transparence comme une nouvelle panacée. Mais que vaut la transparence lorsqu’elle devient source d’un alignement par le haut, lorsqu’un dirigeant, voyant les droits que s’octroie son voisin, décide de suivre et dit «banco» ? Ce qu’il faut, c’est donner enfin aux salariés la possibilité d’être représentés, par exemple à hauteur de 30 % dans les conseils d’administration des entreprises.

Abroger le bouclier fiscal, qui encourage tous les excès, et poser l’acte d’une véritable révolution fiscale. Les 800 personnes qui, en 2008, ont bénéficié d’un chèque de 368 000 euros sont celles qui jouissent déjà des rémunérations les plus élevées. Cette « double prime » est d’autant plus révoltante que la progressivité de l’impôt est déjà rognée par les 500 niches fiscales qui existent dans notre pays.

Face au sentiment de révolte qui monte aujourd’hui de partout, nous proposons une révolution pacifique, fondée sur la justice et le respect de ceux qui, victimes de la crise, s’exaspèrent de voir une minorité cumuler les privilèges. Plus que jamais nous attendons de ceux qui nous gouvernent de l’ordre juste, de l’exemplarité et un sens aigu des responsabilités.

Amitiés,

Ségolène Royal

01 avril 2009

Communiqué de presse de Najat ValLaud-Belkacem

Objet : Réaction aux propositions d’Arnaud Montebourg sur la désignation du candidat socialiste à la prochaine élection présidentielle.

« Je me réjouis des propositions formulées par Arnaud Montebourg car elles répondent à un enjeu majeur pour le Parti, tout en accélérant la réflexion collective qui doit aboutir à des propositions concrètes lors de la convention de la rénovation prévue à l’automne.

Assumer dès maintenant l’élection présidentielle de 2012 comme une échéance qui doit structurer la vie du parti, se doter au plus vite de règles du jeu acceptées par tous, nous assurer de la plus grande légitimité possible pour le ou la future candidate et ouvrir très largement le Parti à toute la diversité de la société française : voilà autant d’objectifs que je partage pleinement avec les auteurs du rapport.

Je suis heureuse aussi qu’une telle proposition paraisse aujourd’hui en mesure de rassembler dans la sérénité une très large majorité de responsables et de militants dans le Parti. Une page se tourne. »


Najat ValLaud-Belkacem,

Adjointe au Maire de Lyon,Conseillère Générale du Rhône

Secrétaire Nationale du PS aux questions de société