24 avril 2010

Le PS et 2012: Moscovici livre un projet social et écologique dans la lignée Royal




Pierre Moscovici a livré mardi l'avant-projet du "nouveau modèle économique et social" que le Parti Socialiste s'apprête à faire sien, après moult contributions, débats, convention et vote des militants.
Ici et là, les premiers commentaires font état du "coup de barre à gauche" que représenterait ce nouveau modèle économique et social.

Sur France Inter, Eric Delvaux qui recevait Pierre Moscovici jeudi matin, s'appuyait sur ces premiers commentaires, pour l'interroger ainsi:

"Dans quelle mesure avez-vous essayé de revenir vers les fondamentaux de la gauche?".

Ce à quoi Pierre Moscovici a répondu, un tantinet agacé:

"Moi cela ne me gène pas que l'on dise que le projet des socialistes est un projet de gauche. Cela rappelle une évidence. Que le PS est un parti de gauche. Voilà la révélation est faîte. (...).
Mais en même temps, je n'aime pas cette expression de coup de barre à gauche parce que j'estime que c'est un projet un peu plus subtil que cela."

Et Pierre Moscovici de décrire l'avant-projet selon 4 piliers, celui des changements économiques avec une industrie d'avantage soutenue par la puissance publique. Puis expliquait-il "il y a tout un pilier écologique et nous faisons le pari de la social-écologie, le pilier social avec "la révolution fiscale" et le quatrième celui de la sécurité sociale professionnelle."

On comprend l'agacement de Pierre Moscovici. Les premiers articles parus à propos de ce "nouveau modèle économique et social" sont complètement passés à côte de cette "subtilité" du projet, de ce qui en fait une vraie nouveauté au Parti socialiste.

La vraie nouveauté, c'est que ce projet économique et social est dans la droite ligne de celui, écologique et social, dont Ségolène Royal a jeté les bases depuis 2006 et bien avant. Celui que l'ancienne ministre de l'Environnement de François Mitterrand met en oeuvre localement dans sa région depuis 2004.

J'ai d'abord été frappé par l'usage des mots de Royal. Bien sûr Pierre Moscovici a évoqué la "social-écologie" que Ségolène Royal défendait sur le plateau de France 2 face à Daniel Cohn-Bendit, le jeudi 25 mars dernier. Il propose la "révolution fiscale", parle d'un projet "radical". Que ces mots sonnent si familièrement aux militants qui ont lu, travaillé et défendu le projet de Ségolène Royal, intitulé "Combattre et Proposer", présenté lors dernier congrès du Parti Socialiste.

Mais au delà de la saveur et du parfum que donnent les mots employés, le "nouveau modèle économique et social" livré par Pierre Moscovici s'appuie sur 2 des "fondamentaux" du projet de société développé par Ségolène Royal:

La valeur travail et l'écologie.

"Valoriser le travail et préserver l'environnement" y est-il écrit.


Cela paraît aujourd'hui une évidence. Mais ça l'est devenu petit à petit. Il aura fallu des primaires, une élection présidentielle, des centaines d'interventions lors des législatives, des municipales, un congrès et la preuve sur un territoire avec la grande victoire des régionales en Poitou-Charentes, pour que le projet de société porté par Ségolène Royal fasse son entrée au Parti socialiste.

Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Qu'il s'agisse de l'Europe, de l'Afrique, de la transformation du capitalisme ou de l'émancipation individuelle, de la vie en collectivité, Ségolène Royal s'est d'ailleurs toujours inscrite dans une perspective au long cours pour la gauche. Une perspective qui va bien au delà des échéances immédiates. C'est ce que j'ai toujours apprécié chez Ségolène Royal. Une attention au détail, des propositions concrètes et en même temps, enfin, une perspective historique.

Bien sûr, le travail réalisé par Pierre Moscovici et l'équipe réunie autour de lui est amendable et perfectible. On entend déjà ça et là des critiques de ce "nouveau modèle économique et social". Jack Lang trouve ainsi que le projet est "trop techno" et pas "assez révolutionnaire".

Jack Lang, en bon mitterrandien qu'il était, devrait pourtant savoir qu'il faut "laisser du temps au temps" et qu'il faut des milliers de pas pour gravir la Roche de Solutré.

Et que cela ne nous empêche pas d'être enthousiaste et fier quand il le faut. Enthousiaste, je le suis, parce que le "nouveau modèle économique et social" livré par Pierre Moscovici le vaut bien. C'est un grand pas en avant.

Par RichardTrois , Le Post
23 avril 2010