17 février 2009

17 fev 2009 : Question orale de Jean-Louis Bianco

Monsieur le Premier Ministre,

La France, l'Europe, le monde doivent affronter une crise terriblement grave. Nous connaissons un recul sans précédent de la production industrielle, et, au quatrième trimestre 2008, la plus forte baisse de croissance depuis 1974.

La tâche des Etats est difficile, chacun le comprend. Vous en appelez, Monsieur le Premier Ministre, à l'unité nationale. Mais comment vous croire quand, semaine après semaine, vous traitez par le mépris toutes, je dis bien toutes les propositions des socialistes. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi vous vous refusez à mettre en œuvre un plan de relance à la hauteur de la situation, c'est-à-dire un plan de relance qui ne soit pas unijambiste mais qui marche sur deux jambes, un plan qui traite à la fois l'investissement et le pouvoir d'achat.

Dans la situation que nous connaissons, face à la multiplication des plans sociaux, il y a une priorité absolue : redonner confiance et espoir aux Français. Pour cela, il faut agir vite et fort. Je prendrai un exemple que vous connaissez, Monsieur le Premier Ministre, les Alpes de Haute-Provence, qui sont frappées dans l'industrie chimique par un deuxième plan social en quelques années. Nous avons un projet, d'une usine de silicium pour fabriquer des panneaux solaires. Il est prêt à être lancé mais la décision traine depuis des semaines.

La volonté politique doit se traduire en actes, c'est à dire par un engagement immédiat du Fonds stratégique d'investissement ou par un prêt de l'État.

Le Président de la République reçoit demain les organisations syndicales. Face à l'inquiétude grandissante et au désespoir social le moment est décisif.

Mais comment redonner confiance aux Français quand vous annoncez pour financer des mesures sociales le chiffre dérisoire d' 1 milliard 400 millions d'euros de dividendes des banques, d'ailleurs pas encore versés. Alors que vous avez trouvé 340 milliards d'euros pour aider ces mêmes banques !

Les syndicats vous font des propositions sérieuses et intéressantes : je vous en conjure acceptez le dialogue, partez de leurs propositions au lieu d'imposer les vôtres !

Pour retrouver la confiance, Monsieur le Premier Ministre, il ne fallait pas annoncer d'abord la suppression de la taxe professionnelle, qui représente 50% des ressources des collectivités locales et ensuite, seulement ensuite, faire des vagues promesses sur son remplacement. De toute manière qui paiera ? Ou bien les entreprises, et c'est une opération de gribouille, ou bien les familles, et vous pénaliserez encore plus le pouvoir d'achat.

Pour retrouver la confiance, Monsieur le Premier Ministre, il ne fallait pas avoir deux discours aux Antilles : accord à Pointe à Pitre avec Monsieur Jégo, démenti ensuite à Paris par vous-même.

Pour redonner la confiance, Monsieur le Premier Ministre, il faut une initiative franco-allemande forte et rapide.

Pour redonner confiance, il faut supprimer le fameux paquet fiscal qui n'a bénéficié qu'aux plus aisés sans améliorer la croissance.

Pour redonner confiance, il faut enfin un plan de relance à la hauteur de la situation, c'est à dire au moins 50 milliards d'euros.

Oui ou non, Monsieur le Premier Ministre, allez-vous discuter sérieusement des propositions de l'opposition et des propositions des syndicats, qui souvent se rejoignent ?


Jean-Louis Bianco

Ancien Ministre

Député - Président du Conseil général des Alpes de Haute Provence